Interview : Denis Barbier, CEO de Microlight3D

Denis Barbier, CEO de Microlight3D, est membre du réseau IN’Partners depuis trois ans. Dans cette interview, il nous raconte comment Microlight3D est passé d’un projet de recherche de l’Université Grenoble Alpes (UGA) à une PME grenobloise innovante.

Denis Barbier, pouvez-vous vous présenter ?

Denis Barbier : Je suis arrivé à Grenoble il y a plus de 40 pour mes études d’ingénieur. Il y avait des écoles qui m’intéressaient dans un groupe qui s’appelait à l’époque Institut National Polytechnique de Grenoble. J’ai intégré l’École nationale supérieure de physique de Grenoble, qui s’appelle aujourd’hui Grenoble INP – Phelma, UGA.

J’ai ensuite démarré une carrière dans la recherche, avec un doctorat au CEA-LETI, puis un post-doctorat en Angleterre, à Londres. Je suis revenu à Grenoble pour travailler dans le transfert de technologies, au sein d’un groupement d’intérêt économique cofinancé par Grenoble INP - UGA et Schneider Electric, dont le but était d’identifier des innovations dans le milieu académique, les faire mûrir et les transférer dans les unités de Schneider Electric.

En 1998, j’ai créé une première entreprise avec Antoine Kevorkian, également ancien étudiant à Grenoble INP – UGA. Nous avons commencé par produire des composants pour les réseaux de télécommunications par fibre optique, puis des lasers, qui ont été achetés par des chercheurs de l’UGA. Quelques années plus tard, ces chercheurs sont revenus vers nous pour nous montrer qu’ils avaient construit une imprimante 3D, capable d’imprimer des pièces de format très réduit. Ils nous ont proposé de la commercialiser, c’est ce que nous faisons aujourd’hui avec Microlight3D.


Pouvez-vous nous présenter Microlight3D ?

Denis Barbier : Microlight3D est une entreprise qui produit et commercialise des imprimantes 2D et 3D dont le principe de fonctionnement utilise la technologie de polymérisation à deux photons. Ces imprimantes servent à fabriquer des pièces destinées à des applications micro et nano dans le domaine de la recherche et l’industrie. Ces micro-pièces sont utilisées dans les applications de micro-optique, de microfluidique, de microrobotique, de métamatériaux et de biologie cellulaire.

La polymérisation à deux photons est une compétence assez unique autour de cette technologie. Quand Michel Bouriau, (ex-chercheur à l’UGA et co-fondateur de Microlight3D), est venu me proposer de commercialiser cette imprimante 3D, nous n’avions pas les compétences dans ma première entreprise pour la produire, il fallait faire de la R&D et dédier une entreprise à cette activité.

15 ans de recherche à l’UGA ont été nécessaires avant de pouvoir nous lancer dans la création de Microlight3D. Les premières publications datent des années 2000.

Je suis resté pendant un certain temps, à cheval entre mes deux entreprises. J’ai finalement fait le choix de démarrer une nouvelle expérience avec Michel Bouriau en créant Microlight3D en 2016.

À la création, nous étions 4, Michel Bouriau, deux ingénieurs et moi. Nous étions bien entourés, notamment pour la gestion du transfert de savoir-faire initial des chercheurs et des brevets ; l’incubation et l’aide à la création de l’entreprise ainsi que pour assurer le lien entre l'université et l'entreprise. (Floralis/Linksium)
Cela nous a permis de démarrer sereinement avec les bonnes personnes, les bons contacts et du soutien. Même si ce n’était pas une première création d’entreprise pour moi, être bien entouré est très important. En effet, ce n’étaient plus les mêmes clients, plus les mêmes produits ni les mêmes collaborateurs et collaboratrices, c’était une nouvelle aventure !

Aujourd’hui, 9 ans après, nous sommes 25 collaborateurs et collaboratrices. Nos équipes sont majoritairement axées technologies. Les technicien·ne·s et ingénieur·e·s sont formés dans les sciences, l’optique, la mécanique, les logiciels, la chimie et un peu de biotechnologie. Nos commerciaux et commerciales ont également une base scientifique pour comprendre au mieux les besoins de nos clients. Nos ingénieur·e·s viennent de Grenoble INP – UGA, de l’UGA ou d’ailleurs. Nous vendons nos machines partout dans le monde : 75% en Amérique du Nord, Asie et Europe ; et 25% en France.
 


Quels bénéfices retirez-vous à être partenaire de Grenoble INP - UGA via le réseau IN'Partners ?

Denis Barbier : À titre personnel, j’aime bien me tenir au courant de ce qu’il se passe dans le monde et dans les laboratoires : visiter des laboratoires, assister à des conférences sur des sujets très variés et souvent pointus. C’est très intéressant ! Ça permet de se tenir informé en écoutant l’avis d’expert·e·s, c’est bien pour la curiosité intellectuelle et scientifique. Au titre de l’entreprise aussi c’est très utile : nos clients sont des chercheurs et chercheuses, cela nous permet de rester proche avec un réseau de personnes qui baignent dans la recherche. Ça permet également de se retrouver entre anciennes connaissances, collègues et ami·e·s. On allie formation et convivialité !