Un drone capable de nettoyer les panneaux solaires de manière autonome. C’est l’objectif ambitieux du projet PV Panel Cleaner, conçu dans le cadre d’une collaboration entre Grenoble INP - Ense³ et l’Université Saint Joseph de Beyrouth. Pensé pour répondre à un besoin pratique tout en sensibilisant les étudiants aux enjeux écologiques, ce projet incarne l’innovation au service de la transition énergétique.
Un défi technique et environnemental
Au Liban, où les installations photovoltaïques se multiplient pour pallier les insuffisances du réseau électrique, les panneaux solaires sont souvent mal placés : sur des toits difficiles d’accès, des balcons ou des parois inclinées. Leur entretien, pourtant crucial pour garantir leur rendement, est souvent coûteux, risqué ou tout simplement impraticable. « J’ai connu quelqu’un qui est tombé de son balcon en voulant nettoyer ses panneaux solaires », raconte Ahmad Hably, maître de conférences à Grenoble INP - Ense³, UGA et chercheur au GIPSA-Lab*.
Face à ce constat, le projet PV Panel Cleaner vise à concevoir un drone entièrement autonome capable de nettoyer les panneaux tout en s’adaptant aux contraintes du terrain. « Faire voler un drone, ce n’est pas compliqué, souligne le chercheur. Mais le faire fonctionner de manière autonome, gérer la masse variable de l’eau embarquée, détecter les panneaux et vérifier qu’ils ne sont pas endommagés, c’est un tout autre niveau. »
Une innovation pédagogique et interdisciplinaire
Loin d’être un simple exercice théorique, ce projet mobilise des compétences variées en robotique, mécanique et programmation. Sous la direction d’Ahmad Hably et de Hadi Kanaan, de l’Université Saint Joseph, des étudiants français et libanais ont collaboré à chaque étape : modélisation, simulation, conception et tests. Cette approche interdisciplinaire et internationale leur offre une expérience unique, alliant savoir-faire technique et gestion de projet à distance.
Au-delà de l’aspect technique, le projet met en lumière un usage vertueux des drones.
« Nous montrons ici que la robotique peut servir l’environnement, pas seulement des applications militaires ou industrielles. C’est aussi une belle opportunité de sensibiliser les étudiants aux technologies propres. »
Grâce à une première phase de modélisation, les équipes ont prouvé la faisabilité et la rentabilité de leur solution. La prochaine étape consistera à fabriquer un prototype et à réaliser des tests en conditions réelles, notamment avec les 10 000 euros obtenus dans le cadre du Prix de l’Innovation pédagogique de l’AUF. Ce soutien permettra également d’organiser des stages pour approfondir les travaux et d’accueillir des étudiants libanais à Grenoble.
Si l’objectif initial est de résoudre le problème du nettoyage des panneaux solaires au Liban, Ahmad Hably voit plus loin. « Le drone pourrait être adapté à d’autres usages, comme l’agriculture ou l’assistance aux pompiers dans des situations difficiles, comme les feux de forêt. » Le projet ne fait que commencer…
*CNRS / Inria / UGA / Grenoble INP - UGA