Cornel Ioana

Témoignage de Cornel Ioana sur son expérience en valorisation

Nous avons interviewé Cornel Ioana, enseignant-chercheur à Grenoble INP - Ense³ et GIPSA-lab, expert en traitement du signal. Cornel est à l’origine de la start-up Motrhys qui commercialise des techniques de traitement de données pour la surveillance automatique et robuste de systèmes hydrauliques.
 Cornel travaille également sur un projet de création d’une deuxième start-up Translocator qui a pour objectif de commercialiser des techniques de traitement de données distribuées pour la surveillance automatique globale et en temps réel des réseaux de distribution et de transport d’énergie. Cornel s’exprime sur sa philosophie de travail et retrace son expérience sur le cercle vertueux de la valorisation.

Globalement, valoriser, c’est sortir de sa zone de confort : « il faut être conscient que nous sortons d’un domaine, l’enseignement et la recherche, que nous connaissons bien et que nous aimons, pour rallier un contexte un peu plus large avec des clients et des contraintes clients en termes de mise en œuvre et intégration dans le contexte réel, des aspects financiers et managériaux que nous ne connaissons pas ». Il mentionne également l’échelle de temps (D comme Deep Tech) entre la recherche qu’il a commencée en 2006 et son aboutissement 10 ans plus tard. Il souligne aussi l’importance de savoir expliciter sa technologie à un futur client et de se poser la question de protéger avant de publier. En philosophie de travail, ses enseignements seraient de toujours partir de besoins réels liés à des problématiques industrielles, d’être à l’écoute et de poser les bonnes questions afin de comprendre le besoin du client.
 

Précisément, sur le cercle vertueux de la valorisation, Cornel formule des recommandations pour chaque phase :
 
  • Recherche : Cornel part d’un besoin exprimé par un industriel. Il cherche une solution et démontre que la technologie y répond de façon satisfaisante et inédite : « Se donner le temps [..] pour s’assurer que nos idées innovantes […] sont le top dans le domaine, qu’il n’y a pas de concurrence [..], que c’est unique et que cela ouvre la voie de la réussite ».
  • Détection (D comme déclaration d’invention) : le point de départ étant le besoin exprimé par le client, « la détection de l’élément de valeur est automatique ! ».
  • Protection (P comme Propriété Intellectuelle) : il est stratégique de s’interroger quant à la protection des résultats par de la propriété intellectuelle (brevet, logiciel). Un brevet confère à son détenteur un avantage concurrentiel (B comme Brevet).
  • Maturation (M comme maturation) : le défi « est de prouver l’intérêt du concept, de s’approcher du marché pour démontrer la valeur d’un futur produit dans le domaine concerné ».
  • Incubation (I comme Incubation) : l’élaboration d’une stratégie d’entreprise passe par la définition d’éléments comme l’innovation, le marché, le Business Plan et le management. Ces réflexions sont nécessaires à la création d’une start-up. Le facteur clef est de « s’entourer de gens complémentaires, de construire une équipe parfaite avec laquelle on peut bâtir un projet de recherche ambitieux pour l’entreprise ».
  • Transfert : le défi est de mettre en œuvre le meilleur programme de recherche et de développement possible « pour armer la start-up face à un marché de plus en plus concurrentiel et exigeant ». Pour réaliser ce programme de R&D ambitieux, il faut créer un lien cohérent entre le futur client, la start-up et le laboratoire d’où est issue la technologie. Cornel souligne l’importance du concours BPI I-Lab comme accélérateur de la création. Il permet de financer notamment le programme de R&D sur 3 à 5 ans afin de mettre d’assurer un positionnement compétitif pérenne sur le marché adressé.


Article rédigé par Isabelle Chéry et Gaëlle Calvary