Bientôt un vaccin contre une bactérie multirésistante

Issue du TIMC*, la start-up Alpioner Therapeutics développe un vaccin contre Pseudomonas aeruginosa, une bactérie multirésistante aux antibiotiques qui fait des ravages chez les personnes fragiles. Les essais cliniques chez l’Homme devraient commencer en 2025.

Audrey Le Gouellec Elle est la troisième cause d’infections nosocomiales, la première cause de mortalité en cas de mucoviscidose, et elle augmente de 50% la mortalité chez les patients atteints de la bronchopneumopathie chronique obstructive. Elle a causé 559000 décès en 2019. Elle, c’est Pseudomonas aeruginosa, une bactérie présente chez 30% de la population sans provoquer de troubles, mais susceptible de devenir virulente dans certains cas. A l’heure actuelle, elle présente des résistances multiples aux antibiotiques, et aucun vaccin n’est disponible sur le marché.

Audrey Le Gouellec, chercheuse au TIMC et praticienne hospitalière, étudie depuis des années la pathogénicité de cette bactérie. Dans son laboratoire, elle tente de décrypter les mystères qui lui font exprimer sa virulence à certains moments, dans le but, à terme, de mettre au point un traitement.


Un vaccin original

Parallèlement, elle a travaillé sur une approche vaccinale originale qui a retenu l’attention de la SATT Linksium. « Notre vaccin repose sur une bactérie morte, mais métaboliquement active, explique Audrey Le Gouellec, chercheuse au TIMC et praticienne hospitalière. Cela lui permet de conjuguer l’efficacité des vaccins vivants atténués et l’innocuité des vaccins recombinants ne présentant que quelques épitopes. Pour obtenir cette bactérie modifiée, nous lui faisons subir un traitement photochimique breveté, qui la rend incapable de se diviser. »

Créée en novembre 2023 après une phase de maturation et d’incubation soutenue par Linksium, Alpioner Therapeutics a été lauréate du concours iLab la même année. Les essais menés chez la souris montrent que le candidat vaccin déclenche une réponse immunitaire complète et protectrice. Reste à faire les preuves chez l’Homme. Pour cela, la start-up cherche à réaliser une levée de fonds, pour produire le vaccin en quantité et qualité suffisante (conditions GMP) pour être injecté chez des patients. Elle espère entrer en phase 1 en 2025.


*CNRS / UGA / Grenoble INP - UGA / VetAgro Sup