Une table vibrante pour reconstruire dans les pays en développement

Depuis septembre 2017, le laboratoire 3SR fait partie des 4 laboratoires français à pouvoir se vanter de disposer d’une table vibrante uniaxiale de grandes dimensions. Cette acquisition permettra aux chercheurs d’étudier les effets des séismes sur les structures et les ouvrages.
Elle était attendue depuis des années, elle est enfin là : un tablier de 2 tonnes d’acier de 2,5 mètres sur 3,5, et un vérin hydraulique capable de produire des secousses comparables à celles provoquées par la plupart des séismes en termes d’accélération, de vitesse, de déplacement et de fréquence. La table vibrante du 3SR est installée sur la dalle d’essai de la plate-forme Dessis, elle-même constituée d’une dalle de béton d’un mètre d’épaisseur ferraillée dans trois directions pour une stabilité à toute épreuve. En collaboration avec l’école nationale d’architecture de Grenoble (ENSAG), Yannick Sieffert, maître de conférences à l’UGA et chercheur au 3SR, l’utilisera pour contribuer à la reconstruction au Népal, touché par deux séismes ravageurs en 2015, sur le modèle de ce qui a été réalisé pour Haïti ces dernières années.


D’Haïti, au Népal… les problématiques sont les mêmes
Suite à un appel à projets « flash » lancé par l’Agence Nationale de la Recherche, le laboratoire 3SR et l’Unité de Recherche AE&CC ont participé à la reconstruction dans ce pays après le séisme qui avait fait 250 000 morts et détruit 90 % des habitations de Port-Au-Prince en 2010. « Partant du constat que les maisons en béton armé de la capitale avaient moins bien résisté que les maisons traditionnelles aux secousses sismiques, nous avons, en partenariat avec l’école d’architecture de Grenoble, développé des moyens de calcul par simulation numérique et des essais expérimentaux afin de caractériser le comportement de ces structures traditionnelles », explique Yannick Sieffert. En s’appuyant sur l’expertise du laboratoire de l’école dans le domaine des cultures constructives en terre dans les pays pauvres (CRAterre), un prototype de maison d’habitation basé sur la construction traditionnelle haïtienne mais comportant des améliorations structurelles, a été proposé pour des projets de reconstruction.  Dotée d’une ossature bois remplie de pierres maçonnées avec un mortier de terre, cette structure a été soumise à un séisme trois fois plus fort que celui enregistré en 2010, simulé sur la table vibrante du FCBA de Bordeaux en avril 2013. Les résultats des tests ont été formels : si la maison tremble, elle ne s’écroule pas. « Cet essai unique a apporté la preuve scientifique que l’habitation traditionnelle résiste mieux aux séismes que l’habitat en béton armé de piètre qualité dont disposent les Haïtiens. Ce faisant, il a permis d’obtenir les autorisations officielles pour la reconstruction dans le pays selon des méthodes traditionnelles, qui permettront, en cas de nouveau séisme, de sauver de nombreuses vies. »
De la même façon, le laboratoire 3SR testera la capacité des constructions népalaises à résister aux tremblements de terre. Cette fois-ci, les tests pourront être réalisés à Grenoble, sur la table vibrante flambant neuve du 3SR.