L’heure du bilan a sonné pour le démonstrateur Greenlys, testé depuis quatre ans à Grenoble et à Lyon pour évaluer le potentiel (et les limites) des réseaux électriques intelligents. Il s’agissait notamment d’étudier la manière dont ces derniers pourraient permettre d’adapter la demande aux contraintes des réseaux électriques qui intègrent de plus en plus de sources d’énergie renouvelable, par nature peu stockables et difficilement prévisibles. Le
G2ELab, laboratoire co-piloté par Grenoble INP, a apporté son expertise au projet, ainsi que des outils de simulation et de démonstration (plateforme SMART GRID
PREDIS).
Entre autres expérimentations, ce démonstrateur visait à tester l’effet de « l’effacement des consommations ». En clair, il s’agit de baisser ou de déplacer temporairement la consommation électrique d’un foyer ou d’un bâtiment à distance, en agissant sur le système de pilotage des consommateurs. Lors d’un pic de consommation sur le réseau, cette baisse évite le recours à des centrales « de pointe », qui utilisent des énergies fossiles qui souvent les moyens les plus chers et les plus polluants (dégageant d’importantes quantités de dioxyde de carbone). Si l’impact sur la facture des consommateurs s’est avéré négligeable comme l’ont souligné certains media, le bilan est loin d’être négatif.
« L’objectif premier de l’effacement est d’éviter la mise en route de centrales de pointe très polluantes, en lissant les pics de consommation, voire de proposer des services système au réseau, rappelle Nouredine Hadjsaid, professeur à Grenoble INP – Ense3, chercheur au G2ELab, et expert en smartgrids.
Or, pour cela, l’expérience est un succès. »Des clients satisfaitsPour le reste, les expérimentateurs semblent satisfaits. Car le projet avait cette particularité d’impliquer la participation de 400 clients cobayes à Grenoble et à Lyon, lesquels ont été équipés d’outils de gestion et de pilotage de leurs appareils de chauffage par smartphones ou ordinateurs, et ont bénéficié d’offres tarifaires adaptées. Pour la majorité d’entre eux, la motivation principale était une meilleure maîtrise de leur consommation d’énergie et d’être acteur du système électrique intelligent. À l’issue de cette expérimentation, 82 % des clients testeurs se sont dits satisfaits.
« Ces réseaux électriques intelligents sont aujourd’hui considérés comme la clé de voûte de la transition énergétique des territoires. Ils permettent notamment d’intégrer la production d’énergies renouvelables, de gérer les variations de production, d’améliorer la qualité et la sécurité du réseau et de faciliter la participation du citoyen à la gestion de sa consommation. »Enfin, l’expérience a permis de tester de nombreuses solutions innovantes, dont certaines sont même des premières mondiales. C’est le cas de l’auto-cicatrisation des réseaux de distribution qui permet au réseau de se reconfigurer en des temps records (sans même que les clients s’en aperçoivent), de la prévision en temps réel de la production photovoltaïque grâce à une combinaison de données satellites, de prévision météo, des caméras qui scrutent le ciel et de traitement d’image, ou encore des outils d’observation du réseau en temps réel avec peu de capteurs à l’aide des compteurs intelligents.
Dans le cadre de « La nouvelle France industrielle », le gouvernement vient de labelliser le projet Rhône-Alpe-Auvergne de campus Smartgrid, qui sera dédié aux technologies et solutions smartgrids et regroupe un certain nombre d’acteurs déjà impliqués dans le projet Greenlys. A suivre.
* GreenLys est l’un des seuls démonstrateurs de smartgrid ayant une vision système de l’ensemble de la chaîne de valeur électrique et regroupant des représentants de l’ensemble de la chaine : universités, centres de recherche, industriels de technologies de l’énergie et des TIC, distributeurs et transporteurs d’énergie, collectivités, associations, consommateurs…