Partager de l'électricité produite localement, entre producteur·rice·s et consommateur·rice·s raccordé·e·s au réseau public de distribution et relevant d'un même périmètre géographique, tel est le principe de l’auto-consommation collective (ACC). Initialement autorisée depuis 2017 par la législation aux collectifs reliés au réseau de distribution basse tension, cette pratique est ouverte depuis mars 2021 aux bâtiments raccordés au réseau moyennes tensions. C’est le cas, par exemple, des bâtiments du patrimoine de Grenoble INP - UGA, qui tentent progressivement l’expérience.
L’auto-consommation collective consiste à consommer directement l’électricité produite localement par des panneaux solaires par exemple, et à renvoyer l’excédent sur le réseau public via le point de connexion à ce dernier. Le montant équivalent de ce qui est réinjecté, est relevé toutes les demies heures, et est déduit des factures énergétiques des bâtiments situés à moins de 2 kilomètres à vol d’oiseau. Dans le cas de Grenoble INP, une centrale photovoltaïque de 890 mètres carrés a été installée sur le toit du bâtiment GreEn-ER et est opérationnelle depuis la fin de l’été 2022. L’excédent produit sera déduit des factures des bâtiments de Grenoble INP situés dans un périmètre de deux kilomètres, c’est-à-dire les sites de Minatec et de Viallet. « D’une puissance de 195 kWc, la centrale produira sur l’année 10% de l’énergie nécessaire à GreEn-ER qui seront quasiment entièrement autoconsommés, précise Frédéric Wurtz, chercheur CNRS au G2Elab*. L’excédent produit durant les week-ends et les vacances scolaires servira à alimenter les talons de consommation des autres bâtiments. »
Vers un « internet de l’énergie »
Ce n’est qu’un début. Dès 2023, un projet similaire sera mis en place sur le campus SMH, avec les bâtiments Pluriel et Phelma A et C. « Le bâtiment Pluriel a une capacité de production photovoltaïque plus de 150 Kilowatt-crête, mais le site n’en exploite que 10 à 20. On voit donc bien l’intérêt de produire de l’énergie sur ce toit et d’envoyer l’excédent aux autres bâtiments. » Pour Frédéric Wurtz, l’ACC ouvre la voie au développement d’une sorte « d’internet de l’énergie », c’est-à-dire que des KWh produits à un endroit peuvent désormais être partagés et envoyés à d’autres bâtiments via le réseau public.
Plus généralement, une étude menée par les services patrimoine de Grenoble INP, et de l’UGA a montré que les toitures solaires du site universitaire grenoblois ont le potentiel de représenter plus de 20% des 50 GWh prévus d’ici 2030 par la Métropole grenobloise dans son plan de transition énergétique. Sur les plus de 13 GWh potentiellement produits (et qui représenterait 25% de la consommation globale du patrimoine universitaire en électricité), la plus grosse partie serait envoyés sur le réseau pour alimenter les autres bâtiments de l’université. L’opération serait d’autant plus rentable que l’on assiste à une envolée spectaculaire des tarifs. « Ici, on maîtrise le coût du KWh, qui n’est lié qu’au coût d’installation de la centrale solaire et ne subit pas les fluctuations du marché. » Les économies réalisées serviront à investir dans de nouveaux projets comme celui-ci.
Une convention est en cours de négociation avec le gestionnaire du réseau, pour calculer au plus juste le prix des KWh injectés sur le réseau et déduire le montant correspondant des factures énergétiques des autres bâtiments. Ce genre d’opération a vocation à être opéré par Enogrid, start-up dirigée par un diplômé de Grenoble INP – Ensimag, UGA, qui développe les plateformes techniques nécessaires à ces calculs complexes, pour aider les acteurs souhaitant se lancer dans l’aventure prometteuse de l’ACC.
*CNRS, Grenoble INP – UGA, UGA
Contact
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Lorena Anghel - Vice-présidente Innovation et Relations entreprises
Gaëlle Calvary - Directeur de la DRIVE
Cédric Di Tofano Orlando
Tél. 04 76 57 43 16 - Annuaire
D’un montant de 300000 euros, le projet sera officiellement inauguré le 25 janvier 2023. Il a été suivi par des programmes de recherches inter-disciplinaires (eco-SESA, Observatoire de la Transition Energétique), avec une implication active et fondamentale des services patrimoines, administratifs financiers et juridiques. Il est financé par une combinaison de fonds propres d’investissements patrimoniaux Grenoble INP – UGA et Grenoble INP – Ense3, d’un projet de recherche (SG-Interop) financé par la Région Auvergne-Rhône-Alpes et visant à déployer et rendre inter-opérables des plates-formes de production et de consommation d’énergie) en lien avec le G2ELAB, par le programme EcoCité de Grenoble Alpes Métropole, et par le Carnot Energies du Futur.