Quand la pollution booste l’épidémie de Covid

Existe-t-il un lien entre pollution et circulation du coronavirus dans la population ? Il semblerait que oui. C’est en tout cas ce que suggère une étude publiée récemment par des chercheurs italiens, en collaboration avec Giorgio Licciardi, chercheur à GIPSA-Lab* et Jocelyn Chanussot, professeur à Grenoble INP - Ense3.
Partant du constat que certaines régions ont présenté un taux de contagion supérieur à la moyenne, les scientifiques de l’équipe de Roberto Dragone, chercheur au CNR-ISMN (Istituto per lo Studio dei Materiali Nanostrutturati - Institut pour l’Etude des matériaux nanostructurés) ont voulu savoir quelle pourrait être la cause de ces inégalités. L’hypothèse avancée par divers experts est que la présence de polluants atmosphériques, ainsi que les conditions météorologiques telles que la température, l'humidité, la vitesse du vent, peuvent affecter la stabilité du virus.

Pour leur étude, les chercheurs se sont penchés sur le cas de la Lombardie, où se sont concentrées 40% des infections de tout le pays lors de la première vague de l'épidémie, et qui présente, en outre, un taux de croissance de l'infection supérieur au reste du pays**. Pour cela, ils ont analysé les données épidémiologiques des 12 provinces de Lombardie fournies par l'Institut supérieur de la santé et de la protection civile. Au cours de la période analysée, il est apparu que plus de 63% des personnes infectées enregistrées dans toute la région étaient concentrées dans les provinces de Milan, Bergame et Brescia. Plus généralement, alors qu'au niveau national le taux moyen d’infection de la population était d'environ 0,21%, il était du double en Lombardie.

Les chercheurs ont ensuite confronté ces observations aux données météorologiques relatives à la température, à l'humidité et à la vitesse du vent, enregistrées quotidiennement par les stations météorologiques réparties dans toute la Lombardie, ainsi qu’aux données satellitaires relatives aux concentrations quotidiennes de polluants atmosphériques (oxydes d'azote, monoxyde de carbone et de soufre l'ozone et l'ammoniac). « Il apparaît sans équivoque qu’un taux de pollution élevé favorise la propagation du virus, indique Jocelyn Chanussot. Cela peut vraisemblablement s’expliquer par le fait que le virus se propage en se fixant aux particules de polluants aéroportées. » Cela confirme en tout cas que le virus se transmet bien par voie aérienne et non seulement par contact comme on le pensait au début de l'épidémie. D'autres études ont depuis confirmé cette hypothèse.

*CNRS, Grenoble INP – UGA, UGA
** Il est important de noter que pendant la période considérée, en Italie, il n'était pas obligatoire de porter une protection personnelle à l'extérieur.


Ref : Dragone, R.; Licciardi, G.; Grasso, G.; Del Gaudio, C.; Chanussot, J. Analysis of the Chemical and Physical Environmental Aspects that Promoted the Spread of SARS-CoV-2 in the Lombard Area. Int. J. Environ. Res. Public Health 2021, 18, 1226.