Vers l’autonomie des villages en cas de panne électrique

Après un cursus d’ingénieur à Paris et un master aux Pays-Bas dans le domaine des énergies renouvelables, Jane Marchand a commencé sa thèse au G2Elab* sur le pilotage des réseaux électriques, dans le cadre de la chaire Smartgrids, portée par la Fondation Grenoble INP en partenariat avec Enedis.
À l’heure actuelle, lorsqu’une coupure électrique qui risque de durer se produit à l’échelle d’un village, Enedis, gestionnaire du réseau de distribution d’électricité en France, fournit en général un groupe électrogène pour l’alimenter le temps de la réparation. Durant la thèse qu’elle a débutée en octobre 2021 au G2Elab, Jane Marchand va travailler sur une méthode de contrôle des onduleurs permettant de redémarrer le réseau électrique du village en autonomie. En effet, les onduleurs permettent d’injecter sur le réseau la production photovoltaïque locale ou encore l’énergie d’une batterie de secours.

Cela permettrait à la fois de réduire le bilan carbone en évitant l’utilisation de groupes électrogènes, de diminuer le temps de coupure et d’apporter plus de résilience au village, qui deviendra moins dépendant de l’intervention sur place d’Enedis. Mais pour cela, plusieurs verrous sont à lever. Notamment, il faudra piloter les onduleurs de sorte qu’ils soient en mesure de créer un réseau à partir de panneaux solaires ou de batteries et de maintenir sa tension, alors qu’ils sont aujourd’hui uniquement programmés pour l’alimenter.

Parallèlement, Jane Marchand envisage d’utiliser les compteurs communicants pour superviser la consommation des foyers afin d’éviter l’effondrement du réseau en cas de déséquilibre. « Pour l’instant, tout cela n’est que purement théorique car il est interdit pour un village de fonctionner en autonomie, l’ilotage pouvant être potentiellement dangereux. »

Actuellement au tout début de sa thèse, la jeune chercheuse envisage de tester ses idées de grid-forming grâce à la simulation, d’abord à toute petite échelle avec un onduleur et une charge (maison par exemple), puis avec deux onduleurs afin de vérifier les interactions potentielles entre les deux. Des phases d’expérimentation sont prévues par la suite dans le cadre d’un projet plus large.


*CNRS, Grenoble INP – UGA, UGA